C’était un soir d’été comme les autres, tu sais, de ceux où l’air est encore chaud et lourd, et où on sent que la nuit va être longue. J’étais dans notre cuisine, celle avec les placards blancs qu’on avait peints ensemble l’année dernière, en écoutant le bruit de la télé dans le salon. Toi, tu étais affalé sur le canapé, une bière à la main, en train de zoner sur un match de foot que tu suivais à moitié. J’ai regardé par la fenêtre, vers le jardin où les lumières des voisins clignotaient déjà, et j’ai pensé à Marc. Marc, c’est ce collègue que j’ai croisé au bureau tous les jours depuis des mois, avec son sourire en coin et ses chemises qui moulent juste ce qu’il faut.
Ça a commencé innocemment, ou du moins c’est ce que je me disais pour me rassurer. Un café rapide après une réunion interminable, juste pour décompresser. Mais ce soir-là, en rangeant la vaisselle, mon téléphone a vibré dans ma poche. J’ai jeté un œil rapide, et mon cœur a fait un bond.
J’ai senti une chaleur monter dans mon ventre, de celle qui te prend par surprise et te fait serrer les cuisses sans même t’en rendre compte. Toi, dans le salon, tu as crié quelque chose sur un but raté, et j’ai répondu un vague « ouais » en essayant de calmer ma respiration. J’ai imaginé Marc, avec ses mains larges et ses yeux qui me déshabillent sans un mot. On s’était embrassés une fois, dans l’ascenseur du parking, vite fait, comme si c’était un accident. Mais ce n’était pas un accident. Pas du tout.

Les jours suivants, c’était devenu une addiction. Au bureau, je portais des jupes un peu plus courtes, des hauts qui laissaient deviner la dentelle de mon soutien-gorge. Et lui, il le remarquait. Toujours. Un regard qui traîne, un effleurement « accidentel » quand on se croisait dans le couloir. Un midi, on s’est retrouvés dans un petit resto du coin, et là, sous la table, sa main a glissé sur ma cuisse. J’ai pas bougé. J’ai juste laissé faire, en sentant mon corps répondre tout seul, mes lèvres s’entrouvrir sans bruit.
Le soir, quand je rentrais, je me sentais coupable cinq minutes, pas plus. Parce que toi, tu étais là, fidèle comme un roc, à me demander si ma journée avait été bonne. Et moi, je souriais en pensant à Marc, en me demandant comment ce serait de le laisser aller plus loin. Mon téléphone vibrait souvent tard le soir, quand tu dormais déjà.
Le risque. Il avait raison. Vendredi dernier, c’est arrivé. J’avais prétexté un verre avec les collègues, rien de plus. Toi, tu as hoché la tête, en me disant de m’amuser bien. Et je me suis amusée, oh oui. On est montés dans sa voiture, garée dans un coin sombre du parking souterrain. Ses mains étaient partout, impatientes, et les miennes n’étaient pas en reste. J’ai senti sa bouche sur mon cou, ses doigts qui défaisaient les boutons de mon chemisier un à un. Mon cœur battait si fort que j’entendais presque le sang pulser dans mes oreilles. Quand il m’a prise là, sur la banquette arrière, c’était comme une vague qui m’emportait, chaude et incontrôlable. J’ai mordu mon poing pour ne pas crier, en pensant à toi, à la maison, en train de m’attendre avec un dîner réchauffé.
Après, on est restés là un moment, essoufflés, à rire nerveusement. Il m’a raccompagnée à deux rues de chez nous, et je suis rentrée à pied, les jambes encore tremblantes, l’odeur de lui sur ma peau. En te voyant, en te serrant dans mes bras, j’ai eu un pincement au cœur. Mais en même temps, une excitation sournoise, comme un secret qui me rend plus vivante. Et ce soir, en t’écrivant ça, je sens que ça recommence. Marc m’a envoyé un message il y a une heure.
Chut. Comme si c’était possible de garder ça silencieux en moi. C’est là, qui bouillonne, qui me pousse à appuyer sur « envoyer » sans réfléchir. Et toi, si tu lis ça un jour, peut-être que tu comprendras. Ou pas. Mais moi, je sais que je ne peux plus m’arrêter.